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Histoire de l'école de Loucrup

Notre école est l'ancienne école de filles de Loucrup, devenue école mixte en 1927. L'histoire des écoles de Loucrup mérite d'être mieux connue et nous allons essayer de vous la raconter.

Voici quelques repères chronologiques :

1783 : « pas de maître d'école » écrit l'abbé Duffourc.
1841 : acquisition d'une grange devant servir de salle d'école, en vendant quelques terrains communaux.
1845 : première école mixte (10 rue Saint-Martin) dirigée par un instituteur.
1854 : école au presbytère pendant les travaux dans la maison d'école.
1857 : incendie dans la maison d'école qu'on venait de terminer à peine. Les habitants la reconstruisent comme ils peuvent.
1858-1860 : Deux projets de reconstruction d'école (au 8 rue saint-Martin) sont refusés.
1876 : Le 3ème projet de reconstruction de l'école est accepté. Pendant ce temps la première école devient "école de garçons".
1876-1880 : Une école des filles se fait chez l'habitant 9 route de Layrisse.
1880 : démolition de la première maison d'école, pendant ce temps l'école des garçons se déroule 12 route des Pyrénées.
1881 : nouvelle école de garçons terminée, 8 rue Saint-Martin.
1882 : projet école de filles, chemin de l'Aube.
1887 : le projet de l'école de filles est modifié, elle sera 1 rue saint-Martin.
1890-1893 : important litige mairie-entrepreneur sur les malfaçons de l'école de filles.
1893 : l'école de filles est opérationnelle.
1927 : fermeture de l'école de garçons, l'école de filles devient mixte.
1979 : menaces de fermeture de l'école. Mobilisation des parents et de la Mairie.
1991 : Loucrup rejoint avec Visker le regroupement Orincles-Layrisse qui existait déjà.
1994 : démolition de l'ancien préau qui était le long de la rue (à côté de l'entrée de l'église), goudronnage de la cour.
2012-2013 : extension de l’école sous l’ancien préau, construction d’un nouveau préau.

1841 - premier document mentionnant l'école :


« Je soussigné Jean-Marie Duclos arpenteur géomètre, domicilié à Astugue, chargé par le Conseil municipal de la Commune de Loucrup, de procéder à l'arpentement de plusieurs lopins communaux, desquels ils ont demandé l'aliénation dans l'objet d'acquitter le prix d'acquisition d'une grange, et d'une partie de terrain, destinée après des réparations préalables au logement de l'instituteur, et du prêtre de la Commune, et encore à une salle d'école... »

La première école en 1841 et son incendie

Vous trouverez ci-dessous l’histoire des différentes écoles de Loucrup à l’aide de documents issus des Archives Départementales des Hautes-Pyrénées :

On retrouve la trace de cette grange dans cette délibération de 1844 :

« Séance du 10 février 1844.
Le Conseil Municipal de la Commune de Loucrup assemblé au lieu ordinaire de 1ère séance, légalement convoqué relativement à la Construction d'une Maison d'école.
Etant ainsi réuni Monsieur le Maire a pris la parole et a dit : Messieurs, vous savez que notre Commune est dépourvue d'une Maison d'école et que pour se conformer à l'art. 12 de la loi du 28 juin 1833 sur l'instruction primaire, nous devons faire tous nos efforts pour nous en procurer une et que d'ailleurs la Commune a déjà vendu plusieurs parcelles de terre pour avoir des fonds pour faire face aux dépenses. La vente des immeubles vendus a produit une somme de deux mille francs, cette somme a été employée pour l'acquisition d'un local convenablement disposé, mais qui exige de grandes réparations...
 »

En 1845, Loucrup obtient un secours (comprenez « subvention ») de 1600 francs pour effectuer des travaux dans la grange.

Le 12 novembre 1845, le Maire de Loucrup écrit au Ministre de l'Instruction Publique.

« J'ai l'honneur de vous informer que les travaux de construction de la maison d'école de la Commune de Loucrup pour lesquels vous avez bien voulu accorder un secours de 1600 francs par votre décision du 5 avril dernier, sont en cours d'exécution, et que cette subvention peut être appliquée à sa destination... »

En 1854, l'école est tranférée provisoirement au presbytère (lieu de l'actuelle Mairie), en vue d'effectuer de nouveaux travaux.

« Vous m'avez fait l'honneur de me communiquer à la date du 31 mars dernier, la délibération par laquelle le conseil municipal de Loucrup demande d'affecter à l'école communale le local qu'il fait construire pour servir de presbytère, en conservant au prêtre qui dessert cette Commune le logement qu'il occupe déjà, logement rendu désormais indépendant par le transfert de la maison d'école ; et vous me demandez mon avis sur cette affaire. La mesure proposée me paraît concilier tous les intérêts et je l'approuve entièrement. »

Les nouveaux travaux sont terminés, mais l'école du 10 rue Saint-Martin est détruite par un incendie le 17 octobre 1857. Ce courrier du Maire de Loucrup au Préfet est là pour en témoigner :

« Le Maire de Loucrup, canton d'Ossun, a l'honneur d'appeler votre attention sur la position malheureuse de la commune qu'il administre. Un incendie survenu il ya deux ans environ, détruisit la maison d'école qu'on venait de terminer à peine. Pour se mettre en mesure de réparer ce sinistre, il a fallu aliéner des immeubles et se charger d'une quantité considérable de corvées. C'est vous dire si les habitants ont fait preuve de beaucoup de bonne volonté et qu'il est impossible de rien demander à la caisse municipale pour un autre objet. Néanmoins, la maison presbytérale est dans un état déplorable et réclame des réparations urgentes, alors que monsieur le vicaire est un des moins bien logés de toute la commune. Il faudrait clore la basse cour, établir un portail, achever une chambre commencée depuis plus de dix ans, etc...
Dans notre détresse, pour ne pas tout abandonner à tout jamais, je vous supplie très humblement, Monsieur le Préfet, de nous accorder, sur les fonds de police, un capital de 300 francs ; je n'ose vous demander d'avantage, quoique nos besoins aillent bien au-delà.
Je suis heureux, Monsieur le Préfet, de pouvoir vous témoigner, en terminant, que mes administrés sont dignes à tous égards de votre bienveillance, alors que pas un, de mémoire d'homme, sur une population de plus de 400 âmes, n'a eu rien à démêler avec la justice. »

Les cours ont eu lieu dans cette école du 10 Rue Saint-Martin de 1845 à 1880 (à part quelques interruptions dues à l'incendie ou à des travaux). Voici à quoi devait ressembler la première école de Loucrup vers 1880.

Représentation d'une salle d'école - Albert Anker

Les projets de 1858 et 1860

En 1858, le Maire demande la construction d'une nouvelle école 8 rue Saint-Martin, juste à côté de l'ancienne. Sur le plan est indiquée également le projet de nouvelle église.

« Considérant qu'une petite maison d'école fut dévorée par un incendie en 1857, et qu'elle fut rétablie peu après au moyen de leurs sacrifices personnels et sans le secours de l'Etat ;
Considérant que cette maison se trouvant aujourd'hui insuffisante pour un instituteur qui a une famille, on a songé à l'agrandir en l'appropriant ; qu'à cet effet un terrain attenant fut acquis l'année dernière moyennant 400 francs, etc...
 »

Projet de nouvelle école et de nouveau presbytère.


En 1859, la réponse du Préfet tombe :

« Vous avez soumis à mon approbation le dossier relatif à la reconstruction de la maison d'école de Loucrup, qui a été incendiée, et vous m'avez adressé en même temps une demande de secours en faveur de cette Commune. J'ai examiné cette affaire avec tout l'intérêt qu'elle mérite et je suis disposé à aider la Commune de Loucrup qui s'impose de lourdes charges pour le service de l'Instruction Publique primaire ; mais, pour que je puisse prendre une décision, il importe que le dossier soit complet, et que le plan remplisse les conditions prescrites par l'arrêté du 30 juillet 1858. Le plan est insuffisant. Il est rédigé avec peu de soin, peu d'exactitude et je ne puis, dans cet état, apprécier convenablement votre demande. Le logement de l'Instituteur paraît également insuffisant, puisqu'il ne se composerait que d'une chambre et d'une cuisine. Vous aurez à examiner s'il n'y aurait pas possibilité de l'augmenter d'une pièce, au moins. Les lieux d'aisance sont mal placés pour la surveillance. D'un autre côté, d'après la population de la Commune, le nombre d'élèves pouvant fréquenter l'école serait de 58 ; la classe devrait en conséquence présenter un volume de 232 mètres cubes au lieu de 97 qu'indique le plan ; en d'autres termes, elle doit pouvoir réunir 58 élèves au lieu de 24 ou 25. »

Une 2ème demande est formulée le 8 septembre 1860 :

« Exposé - Dans la soirée du 17 octobre 1857, la maison d'école de la commune de Loucrup fut en partie détruite par un incendie ; il n'est resté que les murs et les fermetures extérieures. Le plancher de terre n'est pas non plus complètement brûlé, mais il est avarié. Ce bâtiment n'était qu'à un rez-de-chaussée et ne contenait qu'une salle d'école de 7m20 sur 4m25 et une seule chambre pour loger l'instituteur. Le peu d'espace qu'il renferme ne permet pas de trouver au rez-de-chaussée la place nécessaire pour une salle d'école assez grande et pour les trois chambres devant former le logement de l'instituteur... »

Archives départementales - plans de 1860, 2ème projet

2ème refus du Préfet

« Le logement de l'instituteur est mal disposé et bas d'étage. Il convient de l'agrandir aux dépens de l'immense grenier placé à côté, qui devra prendre jour sur le Nord. La salle d'école est très vaste, et peut-être hors de proportion avec le nombre des élèves devant fréquenter l'école, nombre qui n'a pas été indiqué dans le projet. Une poutre unique, même soutenue en son milieu par une colonne, et une cloison de 0m10 d'épaisseur ne sont pas suffisants pour supporter le solivage et le plancher supérieurs ; il faut au moins un mur de refend pour relier les murs opposés. En conséquence le Comité propose le renvoi du projet à son auteur. »

La Mairie de Loucrup en restera là et ne déposera plus de dossier pendant 20 ans, comme en témoigne cet extrait du cadastre de 1878 où figurent en bleu l'école et la nouvelle église


Jean-Pierre Estrade, l'instituteur de 1880 le confirme en écrivant qu'il fait classe dans une « maisonnette à un rez-de-chaussée, comprenant deux chambres, dont l'une servait de salle d'école, l'autre de logement pour l'instituteur. Le tout était dans un affreux désordre. »

L’école des garçons en 1881

En 1876, La Commune de Loucrup dépose un troisième dossier pour la reconstruction de son école. C'est ce projet qui sera adopté.

L'école sera située 8 rue Saint-Martin, ce bâtiment existe encore de nos jours.

Il n'est pas fait mention à ce moment là du terme « école de garçons » mais de « maison d’école ». On peut donc considérer qu'en
1876, l'école de Loucrup était encore mixte.

Les plans de la nouvelle école.

En 1880, pendant les travaux, l'école des garçons s'effectue 12 route des Pyrénées « chez Péré ».

De 1876 à 1893, l'école des filles s'effectue « chez Daquo », 9 route de Layrisse.

L'école des garçons est achevée en 1881 et sera utilisée par les élèves jusqu'en 1927. Voici une photo du bâtiment en 2006.

L’école des filles en 1893

En 1882, le projet de construction d'école de filles est évoqué pour la première fois :

« Séance du 21 juin 1882 - L'an mil huit cent quatre-vingt-deux et le vingt-un juin, le conseil municipal de Loucrup s'est réuni en assemblée extraordinaire par autorisation préfectorale en date du 7 juin 1882 sous la présidence de M. Dulac, adjoint, le maire étant empêché comme vendeur. Présents : MM. Canton, Caussade, Hourcade, Prat, Daquo, Dulout, Garoby et Dulac, adjoint. M. le Président propose de choisir un emplacement définitif pour la maison d'école des filles. M. l'Inspecteur primaire et M. Cougombles conducteur des ponts et chaussées, pris pour architecte, ayant choisi l'emplacement sur la propriété Laborde et présenté ce terrain comme le plus convenable pour l'objet en question. »

Toujours en 1882 est organisée une vente aux enchères de terrains communaux afin de financer la construction d'une maison d'école des filles.

Les terres mises en vente sont situées sur la « lande communale » située à l'est du village (quartier Poueyarabe).

C'est l'instituteur de Loucrup Jean-Pierre Estrade qui est désigné « arpenteur ». Il prend les mesures et fait les plans des terrains.

Lien Jean-Pierre Estrade.

Le premier projet prévoit la construction de l'école des filles le long du chemin de l'Aube.

Le premier projet de 1883.

Les plans du projet de 1883.

Le premier projet n'est pas accepté, un second projet est déposé en 1887.

1887 - « La Commune de Loucrup demande à faire au projet de construction de la maison d'école des filles les modifications suivantes, tout en conservant aux bâtiments projetés les dimensions qui figurent au plan approuvé.

1 -
La maison d'école qui devait être construite au levant de l'église en laissant entre celle-ci et l'emplacement choisi l'espace du préau couvert, serait édifiée au midi de l'église, en conservant les mêmes aspects et de manière à laisser une première cour large de 3m00 à 3m70 au couchant, c'est à dire du côté du chemin d'intérêt commun n°54, et une seconde cour à l'aspect du midi de 3m50 de longueur. De la sorte, le préau couvert se trouverait adossé à l'église au nord et s'étendrait avec une largeur uniforme de 6m00 jusqu'à la façade du levant de l'église ;
La cour règnerait ainsi tout autour de la maison d'école et le reste de l'emplacement serait affecté au jardin de l'institutrice. Les cours ensemble auraient une surface de 2a32 et le jardin de 4a11.

2 -
L'accès de la salle d'école qui devait avoir lieu au nord par la rue du chemin ordinaire n°1 se ferait par le chemin d'intérêt commun n°54 au couchant et par la porte de la façade sud qui remplacerait la fenêtre qui figure au projet ; la porte cochère projetée au nord serait remplacée par une fenêtre. Et ainsi l'escalier serait poussé dans le corridor du sud vers le nord, ainsi que tout cela est indiqué dans le dessin ci-joint.


3 - Les cabinets d'aisance seraient transportés contre le mur de clôture du sud et en face de l'angle sud-est de la maison d'école.

4 -
Un portail serait établi dans le mur de clôture le long du chemin d'intérêt commun n°54, et vers l'angle sud de l'emplacement.

Ces dispositions dispensent de faire des caves profondes, le sol à bâtir se trouvant à peine au-dessus de celui du chemin d'intérêt n°54.

L'architecte soussigné approuve les propositions du Conseil municipal et estime que les modifications ci-dessus ne changeront pas le montant de la dépense prévue au projet approuvé.
 »

Les travaux sont presque finis en 1890 mais un litige important apparaît entre l'entrepreneur des travaux (et ancien maire) et le nouveau conseil municipal. De nombreuses malfaçons sont signalées, et ce n'est qu'en 1893 que l'école peut enfin ouvrir.

C'est l'école de Loucrup encore aujourd'hui.

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