Jean-
instituteur à Loucrup en 1880
Jean-
J-
Nous avons essayé, avec M. Sandras, de suivre l’itinéraire décrit par Jean-
« De la gare de Montgaillard jusqu'au village, il y a un bon kilomètre à travers champs...
... et aussi à travers une boue affreuse, car lorsqu'il pleut, cette route devient un véritable cloaque.
Il pleuvait donc, et tout en m'abritant de mon mieux sans mon parapluie, j'entrai au café Dulac, dans l'intention multiple de me réconforter par une bonne tasse, de m'informer de ma route sur laquelle j'étais incertain, enfin de me munir d'un abri plus confortable que ma mince toile tendue.
Le café Dulac à Montgaillard
Tout en humant le noir liquide que je fortifiai d'un canard copieux, je causai avec le maître de l'établissement, lui dis qui j'étais et le genre de services que j'attendais de sa bonté. Le hasard me favorisa cette fois : M. Dulac était un homme charmant, affable; il me renseigna de son mieux, m'offrit un ample manteau et je sortis, enchanté d'avoir déjà fait une connaissance.
De Montgaillard à Loucrup, on compte 4 km environ ;
au lieu de prendre la grande route départementale, je pris un chemin de traverse ...
... la pluie tombait de plus belle, c'était un déluge. Pourtant, j'avançai toujours, car j'avais hâte de voir mon village. Ce serait mentir de dire que j'étais gai : les pensées qui traversaient mon esprit n'étaient pas de nature à me mettre en belle humeur; tristes toutes, anxieuses, elles me serraient le coeur : la façon dont j'avais quitté Aulon, un peu contre mon gré, beaucoup contre le gré de ces bonnes gens; le funeste impression que ma dernière lettre avait laissé dans l'esprit de l'inspecteur d'Académie; l'incertitude où j'étais de la réception qui me serait faite à Loucrup, quel serait mon logement, la déception que j'avais éprouvée touchant mon projet de mariage, tout cela me revenait à l'esprit, le hantait, le pressait, le brouillait, me causant des douleurs lancinantes et une profonde mélancolie.
Pourtant je débouchai au sommet d'un monticule où s'élève une croix : la route départementale était maintenant à 50 m. de moi, descendant une côte, et en face, vers l'ouest à quelque 12 ou 1500 m. sur un autre plateau, ...
... un village bien blanc, et le clocher d'une église. Ce ne pouvait être que Loucrup, je le désirais ardemment.
En me retournant vers la grand'route où j'allais m'engager j'aperçus une femme qui portait sur la tête un gros paquet de fil. Je m'empressais de l'aborder pour lui demander si réellement ce village que l'on voyait était le but que je me proposais d'atteindre. La pauvre femme (ou l'appelait la Pourquère) fut quelque peu surprise de me voir descendre par ce chemin et montra quelque hésitation à répondre à mes questions; enfin après avoir décliné ma qualité, elle se montra plus confiante et plus causeuse et nous devînmes tout de suite de fort bons compagnons. J'étais bien loin de penser que j'avais effrayé la voyageuse; elle m'apprit plus tard que me voyant hors de la route et accoutré d'un grand manteau qui me cachait presque jusqu'aux talons, elle m'avait pris pour un malfaiteur terrible, dont on parlait beaucoup dans le pays, et qu'elle avait failli s'évanouir. Malgré cette peur dont j'étais l'innocente cause, elle voulut bien me conduire chez Monsieur le Maire, le premier magistrat municipal... »
La suite... dans le livre de Serge Sandras : Jean-
Le livre à posséder dans sa bibliothèque !
Retrouvez la vie de Jean-
Serge Sandras et deux membres de l'association « Livres en Bigorre » sont venus présenter leur livre à Loucrup le 19 janvier 2007.
Serge Sandras nous a quittés en 2011, laissant plusieurs ouvrages de première importance sur notre département, rédigés notamment à l’aide des monographies des instituteurs de 1887.