La monographie de Loucrup
Monographie (dictionnaire Larousse) : Etude limitée d'histoire, de géographie, de
critique, etc., portant sur une personne, une région.
Les monographies des instituteurs
du département laissées en 1887 sont certainement l'une des traces écrites les plus
importantes de l'histoire de nos petits villages, et donc de celle de Loucrup. En
1886, la ville de Toulouse décide d'organiser "une exposition internationale sous
le patronage de l'Etat". Le Recteur d'Académie puis l'Inspecteur d'Académie relaient
l'information "avec beaucoup d'énergie" : "Tous les instituteurs titulaires sans
exception devront envoyer à l'inspection académique les monographies de leur commune...
L'envoi des monographies et des plans de maisons d'école construites depuis 1878
est obligatoire et devra avoir lieu avant le 15 avril".
Les monographies existantes se trouvent aux Archives Départementales (à côté de la
Préfecture). On peut aussi en trouver quelques-
Pour ceux qui veulent en savoir plus, je conseille
la série "L'école au centre du village" de Serge Sandras d'après les monographies
de 1887 sur différents cantons (aux éditions Livres en Bigorre à Tournay).
La monographie originale de Loucrup est composée de quatre pages, d'un croquis de
la maison d'école des garçons, et d'une copie du plan d'ensemble du cadastre de l'époque.
Elle est signée de l’instituteur Paulin-
La maison d'école des garçons
Copie du plan d'ensemble du cadastre
Quelques précisions apportées par notre site sur la monographie de LOUCRUP :
Voici la première page de la monographie originale.
Qui était M.Borrou, l'instituteur de 1887 ?
Paulin-
Son père Dominique
Borrou a été lui-
Paulin-
C'est deux ans après son
arrivée à Loucrup qu'il rédigea la monographie du village.
Voici donc la monographie de LOUCRUP :
Le territoire de la commune a peu d'étendue ; il n'a qu'une superficie de 354 Ha,
68 a 22 ca.
Il est borné au levant par la commune de Montgaillard ; au sud par celle
d'Astugue ; au couchant par la commune d'Orincles et au nord par celles de Layrisse,
de Visker et de Hiis.
La commune de Loucrup est à une distance de onze kilomètres
d'Ossun, son chef-
Bâtie sur une colline, sur
un terrain ingrat, répondant peu au labeur de ses habitants, ayant à peine la source
de petits ruisseaux donnant un petit débit, lesquels se jettent à l'Echez aux villages
voisins, cette commune ne manque cependant jamais d'eau potable fournie par des puits
de huit à neuf mètres de profondeur, en moyenne.
A une altitude d'environ 360 mètres,
elle est souvent balayée par les vents et sa température est froide, mais saine.
Sa
population, d'après le recensement de 1886, est de 406 habitants.
Ce chiffre restera
stationnaire encore à cause des nombreuses familles de la plupart des maisons.
Elle a deux quartiers principaux, ayant chacun une centaine d'habitants : celui du
sud, dont une partie des maisons longent la route départementale, n°7, et celui du
nord, sur le chemin d'intérêt commun de Loucrup à Layrisse.
Elle est administrée par
un maire, assisté de 9 conseillers municipaux. Pour le culte catholique, professé
par toute la population, elle a un desservant, depuis une trentaine d'années ; avant
elle avait un vicaire.
Les impôts sont perçus par le percepteur de la réunion de Bénac,
mais depuis l'année dernière elle est desservie par le bureau de poste de Montgaillard
et non par celui de Bénac.
Ses revenus ordinaires s'élèvent à 800 F environ, et la
valeur du centime est de 8 à 9 francs.
Cette commune cultive surtout des céréales,
des pommes de terre et des châtaignes : toute autre culture répondrait encore moins
au travail laborieux de ses habitants.
Elle possède un bosquet, lequel n'est pas soumis
au régime forestier : on se procure du bois aux villages voisins.
Elle a très peu
de vignes qui donnent peu de vin assez médiocre, surtout depuis quelques années.
On y élève surtout des cochons et quelques propriétaires élèvent aussi des bêtes
à laine.
On ne peut s'adonner à la pêche, la commune ne possédant aucune rivière, mais la
chasse serait un plaisir pour les jeunes gens, s'ils pouvaient chasser sans permis
de chasse, ne fût-
Cette commune ne possède ni mines, ni carrières,
ni usines, ni moulins. Elle est traversée par une route départementale citée plus
haut, qui lui donne une certaine importance relative, et par deux chemins d'intérêt
commun.
Pour se rendre aux marchés de Lourdes, de Bagnères et de Tarbes, qui tous
sont très fréquentés par les habitants de cette localité, la plupart d'entre eux
ont un véhicule attelé d'un cheval ou d'un âne.
Loucrup signifie lieu froid. Le patois
y est encore parlé. Le chant n'est guère d'usage qu'à l'école et à l'église.
Les mœurs
des gens de cette localité sont assez bonnes, ils s'habillent bien, mais leur nourriture
est assez grossière.
La commune de Loucrup ne possède aucune espèce de monument, ni
aucun document destiné à établir l'histoire de la localité.
Enseignement : Il y a
une quarantaine d'années, elle ne possédait qu'une école mixte dirigée par un instituteur.
Depuis elle a un instituteur et une institutrice.
L'instituteur, pour le moment, est étroitement logé, on peut s'en rendre compte par
le croquis de la page suivante. L'institutrice aussi est assez mal partagée, mais
du moins on songe à lui bâtir une maison d'école où elle sera bien.
Les enfants, qu'on
occupe aux travaux agricoles, ne fréquentent pas assez régulièrement les écoles.
Pourtant
l'année dernière, il n'y a pas eu de conscrit illettré, ni de conjoints qui n'ont
pas pu signer leurs noms.
L'école des garçons possède une bibliothèque populaire fondée
par les jeunes en 1876 ; en 1883, elle a reçu une concession de livres du ministère
de l'instruction publique : elle a actuellement 70 volumes, lesquels ont été lus
; une nouvelle concession de livres serait à désirer.
La commune n'a pas de caisse
des écoles et la caisse d'épargne scolaire ne fonctionne pas depuis quelque temps.
Le
mobilier scolaire est défectueux ; il devrait être renouvelé presque totalement.
Le
local provisoire de l'école des filles n'appartient pas à la commune. Aussi on trouvera
seulement à la page ci-
Ce 12 avril 1887 : Borrou, instituteur.